[Entretien avec Jan Schneider] Signa-Terre: comment réduire de 65% la consommation énergétique d'un bâtiment

[Entretien avec Jan Schneider] Signa-Terre: comment réduire de 65% la consommation énergétique d'un bâtiment

Rénover les bâtiments des années 60 et 70 représente un immense potentiel d’économies d’énergie à Genève. Quels sont les domaines d’intervention les plus prometteurs ? Avec quels objectifs ? Illustration par l’exemple avec l’immeuble de la Rue des Bossons 82-88 au Petit-Lancy qui a bénéficié de l’expertise de l’équipe AMO de Signa-Terre SA, spécialiste pour les questions en lien avec l’énergie du bâtiment.

Rencontre avec Jan Schneider, physicien du bâtiment,
responsable du groupe AMO de Signa-Terre et architecte de formation

 

 

En guise d’introduction, présentez-nous le « cas » Bossons…

Il s’agit d’un immeuble de logements construit en 1965, répartis entre quatre allées et totalisant 74 appartements ainsi qu’une garderie d’enfants. Il appartient aux Rentes Genevoises qui nous a mandaté en 2016 pour étudier les possibilités d’amélioration énergétique et de surélévation. Signa-Terre était le mandataire principal, avec deux partenaires, un architecte et un ingénieur civil, qui se sont chargés de la question de surélévation (22 appartements répartis sur 2 niveaux).

Quelles ont été les grandes étapes de votre intervention ?

Avec notre outil de surveillance énergétique ImmoLabel, nous savions que l’immeuble était doté a priori d’un fort potentiel d’amélioration, ce que notre analyse énergétique a confirmé. Si cette phase préliminaire s’est faite rapidement, il nous a fallu du temps pour passer à la phase projet. Elle a débuté en 2018 et s’est terminée en 2019, après avoir obtenu les autorisations liées à la surélévation et trouver un consensus avec les voisins pour le gabarit. Les locataires ont été impliqués dans le processus de projet et de réalisation par des ateliers participatifs dans le cadre du programme d’Assistance à Maître d’Usage (AMU) de SIG.

Il faut préciser que les Rentes Genevoises ont concrétisé leur engagement de propriétaire responsable en choisissant le programme le plus ambitieux que nous leur avons soumis. Les travaux ont pu être menés entre 2019 et 2021, ralentis par la pandémie.

Et concrètement, sur quels aspects du bâtiment êtes-vous intervenus ?

La principale intervention concernait l’isolation continue de l’enveloppe extérieure du bâtiment. De même, nous avons fermé les loggias, qui sont devenues des espaces à vivre en toutes saisons sans pour autant être chauffés. Les plafonds des locaux non chauffés ont été isolés, afin de ne plus refroidir les appartements adjacents. Les menuiseries extérieures étaient d’origine, nous les avons remplacées.

Sur les aspects techniques, nous avons installé un équilibrage hydraulique du réseau de chauffage, une ventilation hygroréglable à simple flux ainsi que des panneaux thermiques et photovoltaïques sur le toit – tout en maintenant le raccordement au chauffage à distance (CAD).

Quels résultats avez-vous obtenus ?

Deux ans après réception des travaux, nous avons atteint les objectifs AMOén (Assistance à Maître d’ouvrage Energie) du programme rénovation éco21-SIG. Concrètement, le bâtiment est passé d’un indice de dépense de chaleur (IDC) de 532 MJ/m²/an à 188 MJ/m²/an. L’économie d’énergie est de l’ordre de 65% ! Le bâtiment est d’ores et déjà compatible avec les objectifs 2050 de la Confédération pour l’énergie et le CO2.

Un résultat en ligne avec vos prévisions ?

Les économies réelles correspondent aux prévisions, à 2-3 % près. Alors que l’on estime en Suisse que cet écart est en moyenne de 30% à 45%. Il faut relever la pertinence de l’IDC utilisé à Genève, qui fait du canton un pionnier en Suisse. C’est une mesure réelle qui permet de confronter les calculs d’ingénieur à l’épreuve des faits.

Parmi les solutions mises en œuvre, lesquelles vous paraissent innovantes ? 

Le processus mis en place est innovant, dans la mesure où il est cohérent de bout en bout. Je veux dire par là que nous mettons en place un suivi strict de chaque mandataire et un contrôle de chaque réalisation. Chaque détail compte ! Ce faisant, nous répondons aux attentes de l’architecte et des ingénieurs, mais notre objectif est toujours d’optimiser la performance du bâtiment pour une meilleure qualité de vie des occupants.

Prenons l’exemple des loggias, typiques des bâtiments des Trente Glorieuses. On pourrait simplement les isoler, mais le locataire perdrait de l’espace. Notre approche revient à « coller » une nouvelle façade sur ces balcons, soit 24 cm d’isolation sur les parties en béton prise sur l’extérieur. Idem avec l’installation solaire thermique qui produit la moitié de l’eau chaude sanitaire et permet d’anticiper une augmentation des prix du CAD, au bénéfice des locataires.

Quels enseignements tirer de ce chantier ?

Il démontre qu’il est possible aujourd’hui de respecter les valeurs limites de 2050. Autrement dit, nous disposons des solutions techniques à même de rendre le bâti plus durable. Nous l’avons démontré par cette rénovation d’un bâtiment de 1965 – qui plus est mené en site occupé, avec un minimum d’interventions rapides et simples dans les appartements.

Rappelons qu’à Genève, les bâtiments représentent 50% de l’empreinte énergétique du canton. Et 80 à 90% de cette énergie est d’origine fossile. Le potentiel est simplement énorme.

www.signa-terre.ch

 

 

 

 

 

 

 

 

A consulter également : Guide de l’OCEN pour appréhender le Règlement d'application de la loi sur l'énergie

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