La seconde vie de l'huile de friture des restos genevois

Dernière modification le 27/03/2017 - 16:39
La seconde vie de l'huile de friture des restos genevois

Article publié par la Tribune de Genève le 22 mars 2017, rédigé par Antoine Grosjean

Énergie: Comment une société lémanique transforme de vieilles huiles récupérées dans les restaurants en un carburant pour véhicules diesel.

Rien ne se perd, tout se récupère. La vieille huile de friture des restaurants genevois connaît une seconde vie, recyclée en un carburant qui permet de diviser jusqu’à trois fois les émissions de CO2 des véhicules diesel. Contrairement aux biocarburants issus des cultures de colza, de maïs ou de betterave, la production de celui-ci ne confisque pas de terres à l’agriculture vivrière et ne provoque pas d’effets collatéraux par l’usage de produits phytosanitaires, d’engrais et d’engins agricoles polluants. Cela vaut au biodiesel fait à base d’huile usagée d’être détaxé et de coûter environ 10 centimes de moins par litre que le diesel ordinaire.

Cerise sur le gâteau, c’est un produit local, de A à Z. Des cuisines des restaurants aux consommateurs finaux, en passant par l’usine de production du biodiesel, tout se passe à l’échelon régional: «Nous visons un marché de proximité», confie Jean-Pierre Passerat, le patron de Léman Bio Energie, la société qui produit depuis deux ans ce biodiesel à Etoy, sur La Côte. «Si on transporte notre biocarburant par camion à plus de 400 kilomètres, le gain en CO2 est annulé.» Léman Bio Energie est une filiale du groupe Helvetia Environnement, qui a son siège à Carouge et qui possède aussi l’entreprise de collecte de déchets Transvoirie. C’est cette dernière, dont les camions carburent eux-mêmes au biodiesel, qui est chargée de récupérer l’huile de friture fournie par plus de 1000 restaurants genevois et vaudois. Lesquels ont tout à y gagner: au lieu de devoir payer pour faire éliminer leurs huiles usagées, on les en débarrasse gratuitement.

Le biocarburant obtenu ainsi émet 66% de CO2 en moins que le diesel ordinaire, à condition d’être utilisé pur. Mais il est souvent mélangé à du diesel et ce pour deux raisons. D’abord, pour pouvoir utiliser du biodiesel pur, il faut un moteur adapté, puisque c’est plus corrosif pour les joints et les tuyaux. Le cas échéant, le véhicule devra subir une légère modification. Néanmoins, selon Jean-Pierre Passerat, la plupart des bus, camions, engins de chantiers et autres véhicules lourds peuvent sans autre accepter jusqu’à 30% de biodiesel dans leur carburant, ce qui réduit tout de même de plus de 20% leurs émissions de gaz carbonique.

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