Le retour de la consigne en France ?

Le retour de la consigne en France ?

Fin septembre, le Sénat examinait le projet de loi « anti-gaspillage pour une économie circulaire » qui s’articule autour de quatre orientations :

  • Stopper le gaspillage pour préserver nos ressources.
  • Mobiliser les industriels pour transformer nos modes de production.
  • Informer pour mieux consommer.
  • Améliorer la collecte des déchets pour lutter contre les dépôts sauvages.

Parmi les différentes mesures examinées, celle du retour de la consigne était particulièrement attendue car régulièrement plébiscitée des français. Si les Sénateurs ont rejeté la consigne pour le recyclage des bouteilles en plastique, ils ont par la suite voté à l’unanimité l’article qui réserve celle-ci au réemploi et à la réutilisation.

 

La consigne pour réemploi

En France, 45% des emballages ménagers sont en verre. Une étude de l’ADEME montre que le réemploi des emballages en verre présente, sous certaines conditions, un impact moins important sur l’environnement et un coût sur l’ensemble du cycle de vie plus avantageux que les systèmes utilisant un emballage verre à usage unique. Les paramètres clés de performance sont le nombre de réutilisation des bouteilles, le transport et les performances du lavage.

 

La disparition de la consigne en France

Depuis l’abandon de la consigne en France dans les années 1990, le recyclage s’est imposé comme la seule manière de gérer les emballages vides et les consommateurs. Si aujourd’hui, la vente en vrac a le vent en poupe, la consigne, elle, reste mise de côté à l’exception du secteur des Cafés-Hôtels-Restaurants (CHR, où environ 40% des emballages sont consignés pour réutilisation) et d’initiatives isolées comme en Alsace pour certaines bières, eaux et sodas.

Si la pratique est courante dans les pays du Nord ainsi qu’en Allemagne, en France, l’automatisation de la production industrielle et l’apparition de l’emballage à usage unique ont amorcé sa progressive disparition. En passant du verre consigné au verre perdu, au PVC ou encore au PET, et bénéficiant du développement de la première filière nationale et réglementée de responsabilité élargie du producteur (REP) pour la collecte des emballages ménager en 1992, les industriels ont peu à peu transféré la charge du traitement des déchets aux collectivités. Cela a notamment permis le développement progressif d’infrastructures dédiées au recyclage.

 

Loop : la consigne en grande distribution

Des gâteaux dans des boîtes en inox, du jus d’orange dans des bouteilles en verre… tel est le principe de Loop, un service de consigne lancé en mai en région parisienne en partenariat avec Carrefour.

Créée par TerraCycle, société américaine spécialisée dans le recyclage des déchets difficiles, le service Loop se présente comme une alternative aux courses en ligne « classiques ». Il propose aux consommateurs de recevoir des produits de grandes marques dans des emballages consignés (et habillés aux couleurs de chaque enseigne) pour quelques euros supplémentaires. Une fois les contenants vides et sur demande du client, un transporteur les récupère pour les ramener dans l’unité de nettoyage où ils seront lavés avant de repartir dans le circuit.

En s’appuyant sur des circuits logistiques existants, TerraCycle affirme qu’à partir de cinq utilisations d’un même emballage, le modèle est plus vertueux pour l’environnement qu’un modèle e-commerce classique avec un emballage unique. Aujourd’hui, Loop propose plus de 150 produits de 25 grandes marques alimentaires et cosmétiques.

 

La consigne Loop

 Crédit : Loop

 

Un sujet qui intéresse les citoyens

Mardi 22 septembre, une vingtaine de citoyens se retrouvaient à l’AntiCafé pour discuter du retour de la consigne en France. Initié par MakeSense et Loop, cet apéro rassemblait ingénieurs, entrepreneurs, salariés, étudiants, demandeurs d’emploi… tous intéressés par les enjeux environnementaux et soucieux d’un mode de vie non producteur de déchet.

Les participants ont été invités à imaginer la consigne de demain, à soulever les enjeux de son retour ainsi que ses limites dans nos modes de vies actuels. Les échanges ont rapidement mis en exergue la complexité à mettre en place un système de consigne.

Côté entrepreneurs, la standardisation des contenants et la présence d’étiquettes hydrosolubles sont nécessaires et demandées par Réseau Consigne pour faciliter la gestion des retours. La principale difficulté se porte sur l’accès à une unité de nettoyage de proximité. C’est par exemple le problème rencontré par Maria Mella, la fondatrice de The Naked Shop, une boutique parisienne spécialisée dans le vrac liquide pour les produits de l’entretien de la maison et le soin du corps. Faute de solution de proximité pour laver les contenants retournés, la boutique va investir en interne dans une laveuse et réfléchit à comment la mettre à disposition d’autres entreprises et initiatives.

Côté consommateurs, l’idée de porter ses contenants toute la journée afin de les ramener chez son épicier le soir en rentrant du travail semble peu attrayante.

 

Si le sujet est complexe, la demande des citoyens pour des modes de consommation à faible impact environnemental ne désemplit pas et celle-ci est entendue par les industriels. La loi « anti-gaspillage pour une économie circulaire », qui sera débattue en novembre à l’Assemblée Nationale permettra-t-elle le retour de la consigne ou l’émergence de nouveaux systèmes pour celle-ci en France ?

 

Pour en savoir plus sur le débat sur la consigne :

Décryptage de Zéro Waste France 

Les propositions des professionnels du recyclage

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Auteur de la page

Noëlie Liénard

Chargée de mission