Interview de Suren Erkman a propos de l'écologie industrielle

Dernière modification le 11/11/2016 - 10:07
Interview de Suren Erkman a propos de l'écologie industrielle

Interview de L. ABITBOL pour Le Club d'Ecologie Industrielle de l'Aube et Troyes Expo Cube parue dans Rencontre francophones de l'écologie industrielle et territoriale

La Suisse a été pionnière dans l’expérimentation des démarches et études d’écologie industrielle et territoriale (EIT) : comment expliquez-vous cela ?

Contrairement à d’autres pays, la Suisse a depuis très longtemps conscience de l’exiguïté de son territoire et du fait que les terrains disponibles constituent une ressource limitée et vitale. Ceci est principalement lié à la taille et à la structure du pays, et au fait qu’il y a en plus des régions montagneuses importantes qui ne sont pas habitables. Il reste bien entendu le «Plateau suisse» (entre le Jura et les Alpes) mais cela représente un espace limité.

Tout ce qui permet d’améliorer la gestion du territoire et d’économiser l’espace et les services qu’il peut offrir tient probablement au fait qu’il y a cette sensibilité particulière. La Suisse est certainement un pays qui était prédisposé à accueillir les démarches visant à optimiser le territoire, ainsi qu'une utilisation plutôt parcimonieuse de ses ressources, plutôt rares du reste (à l'exception de l'eau). Cette relation parcimonieuse au territoire est assez propre à la Suisse. On le voit bien avec la nouvelle loi fédérale sur l’aménagement du territoire, par exemple, qui oblige à diminuer les zones constructibles avec une véritable politique de densification dans les zones urbaines et péri-urbaines dans une volonté de préserver des espaces non bâtis (vu de Suisse, on perçoit parfois comme une forme de gaspillage l'utilisation du terrain en France, notamment dans les zones péri-urbaines). La Suisse est par ailleurs l'un des très rares pays à disposer d'une législation spécifique pour la protection des sols.

Que sont devenus ces différents projets ? 

On a dépassé le stade des projets pilotes. Les différentes pratiques d'EIT s'insèrent progressivement dans les politiques publiques. Si on prend tous les projets d’EIT appliqué à l’énergie par exemple, ils sont intégrés dans les lois des différents cantons. Nous sommes maintenant dans des processus de passage à grande échelle (upscaling) et d'institutionnalisation (mainstreaming). Ce n’est plus marginal, cela fait partie de l’optimisation des territoires avec la planification énergétique territoriale qui est en train d’être intégrée dans les plans de développement et la planification. Ceci se fait surtout à l’échelle cantonale qui est la plus pertinente pour la mise en œuvre des politiques publiques en Suisse, l’échelle fédérale elle donnant un cadre général avec quelques grandes indications.

Suite de l'interview.

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Rédaction