[Entretien avec Sandra Piriz] Plan de mobilité HUG: mode d’emploi pour convertir 60% du personnel à l’écomobilité

[Entretien avec Sandra Piriz] Plan de mobilité HUG: mode d’emploi pour convertir 60% du personnel à l’écomobilité

En 2022, un sondage démontrait le succès du Plan de mobilité mis en œuvre par les Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG). Une démarche qui conjugue sensibilisation, information et incitation vers un double objectif : favoriser les déplacements durables mais également rendre les sites hospitaliers plus accessibles à tous les usagers (patients, visiteurs, personnel, transport professionnel).


Rencontre avec Sandra Piriz, cheffe de projet au Pôle RSE des HUG


Quelle est la place du Plan de mobilité au sein de la Stratégie de durabilité des HUG ?

Le plan de mobilité est intégré à l’axe d’intervention Climat et Santé et se traduit par deux objectifs à atteindre d’ici 2025, « augmenter le recours à la mobilité durable pour les déplacements domicile-travail » et « réduire l’impact environnemental des déplacements professionnels ».

L’enjeu est aussi d’améliorer l’accessibilité de nos sites, pour nos 13 000 collaboratrices et collaborateurs mais aussi pour les patients, les visiteurs, les ambulances ou encore les fournisseurs.

Concrètement, comment s’articule votre action ?

Nous cherchons à optimiser les flux et les espaces, sachant que les besoins sont complexes en termes d’usages : notre objectif est d’en tenir compte dans la mise en œuvre d’un système cohérent.

Dans les faits, nous avons travaillé sur trois axes : promouvoir les mobilités actives, encourager l’usage des transports publics et déployer une politique de stationnement.

Vous parlez de « mobilités actives » ?

C’est une évolution du concept de mobilité douce ; elle fait référence à toute forme de déplacement effectué uniquement par l’effort physique, grâce à des modes actifs comme la marche et le vélo principalement.

Plus simplement, les mobilités actives tiennent compte de l’activité physique, et donc de la dimension santé, liée au déplacement. Le concept est plus usité en Suisse alémanique mais il est d’autant plus pertinent dans un hôpital.

Et la pratique du vélo fait bien sûr partie des mobilités actives…

Absolument. Le vélo représente le mode de transport le plus performant en milieu urbain. Au-delà de cinq kilomètres ou pour des trajets avec un certain dénivelé, le vélo électrique offre une excellente alternative.

Pour promouvoir son usage, nous avons travaillé sur le stationnement en créant 485 nouvelles places entre 2022 et 2023. Aujourd’hui, sur le site principal, nous disposons de près de 670 places dans les parkings intérieurs, dont une partie est accessibles au public, ainsi que de 403 places en extérieur sur le domaine privé des HUG.

En parallèle, nous avons multiplié les mesures d’encouragement auprès du personnel : subvention sur les abonnements P+B (parking + vélo) et VeloPartage, réductions à l’achat ou prêts à taux zéro, etc. Sans oublier des initiatives comme Vel’HUG, une flotte de vélos classiques et électriques en libre-service à disposition du personnel pour ses déplacements professionnels. Et depuis le 7 février, une borne de réparation et gonflage pour vélos est à disposition des collaborateurs et collaboratrices sur le site principal.

En matière de transports publics, il y a eu un avant et un après Léman Express. Une carte maitresse dans votre jeu ?

Clairement ! Aujourd’hui, plus d’un quart du personnel recourt aux transports publics pour rejoindre son lieu de travail aux HUG, mais nous travaillons encore avec les TPG, Lémanis et les autorités cantonales à l’amélioration des lignes desservant l'hôpital.

Nous accordons une subvention annuelle sur les abonnements et cherchons à faciliter la vie quotidienne des usagers en diffusant des informations pratiques sur les arrêts, les horaires et les plans de réseaux.

Des informations pratiques qui rejoignent un vaste effort de sensibilisation…

C’est une clé de la réussite. Quel que soit le mode de transport, l’usager doit être sensibilisé et accompagné dans le changement de ses habitudes.

Pour le vélo par exemple, nous avons mené des campagnes sur les désagréments induits par le parking « sauvage » sur les trottoirs et diffusé un plan des zones de stationnement pour deux-roues. L’enjeu est de rendre attentif à l’accessibilité des sites – en particulier pour les personnes à mobilité réduite - et dépasser l’idée que la meilleure place est la plus proche de son lieu de travail.

Troisième pilier, la politique de stationnement. Le plus délicat à mettre en œuvre ?

Nous encourageons toutes les alternatives à la voiture et aux deux-roues motorisés. Reste que certaines personnes ne peuvent que difficilement s’en passer. Aussi, notre priorité est de rendre les places de stationnement accessible à ceux qui en ont le plus besoin.

Concernant le stationnement voitures, les critères d'attribution garantissent une répartition équitable, en donnant notamment la priorité aux personnes à mobilité réduite, au personnel ayant des contraintes horaires spécifiques et à ceux ne disposant pas d'une desserte en transports publics adéquate.

Des règles claires pour remporter l’adhésion, mais le résultat est probant : il fallait compter dix ans sur liste d’attente pour obtenir une place de stationnement. Aujourd’hui ce délai est d’une année seulement !

Libérer des places réservées au personnel a aussi permis d’augmenter l’offre de stationnement pour les personnes à mobilité réduite ou en traitement longue durée par exemple. On en revient à l’objectif d’accessibilité.

Comment avez-vous quantifié le critère de distance ?

De manière schématique, en dehors de tout autre facteur, si vous habitez à plus de 60 minutes de transports publics ou plus de 30 minutes de marche, vous pouvez prétendre à une place de stationnement voiture.

En 2023, un sondage démontre le succès de cette démarche : 60% du personnel des HUG est écomobile…

En effet, l’enquête montre que 26% du personnel des HUG recourt aux transports publics pour son trajet domicile-travail, contre 21% en 2017. Le vélo est choisi par 22% du personnel, mieux que les 15% six ans auparavant. Si vous ajoutez la marche, l’usage des P+R et le covoiturage vous atteignez 60%.

Reste la part modale du transport individuel motorisé – soit voitures, motos et scooters – qui atteint 40%, contre 50% en 2017. Ces résultats résument l’impact conjugué de l’ensemble des mesures de notre Plan de mobilité. C’est ce qui a valu aux HUG de recevoir le Label Ecomobile décerné par le canton.

Quelles sont les prochaines étapes du Plan de mobilité ?

À ce stade, nous allons maintenir la dynamique mise en place. Nous poursuivrons nos efforts en matière d'accessibilité des sites hospitaliers pour les personnes à mobilité réduite. De même, les déplacements professionnels seront un axe sur lequel nous allons travailler ces prochaines années.

Il faut comprendre que ce résultat a été obtenu sur quinze ans puisque c’est en 2008 qu’a été engagée la responsable mobilité et accessibilité, donnant à ces enjeux une attention toute spécifique dans le développement des projets des HUG. En outre, plus le temps avance, plus l’effort à fournir pour provoquer le report modal est important.

En savoir plus sur la durabilité aux HUG

Plan de mobilité HUG

Stratégie durabilité

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Auteur de la page

Sébastien Bourqui

Genie.ch