Les sous-sols urbains, plus qu'un gain de place, une intelligence pour la ville de demain?

Dernière modification le 12/02/2018 - 15:07
Les sous-sols urbains, plus qu'un gain de place, une intelligence pour la ville de demain?

Article publié par le site demainlaville.com le 5 février 2018. 

Imaginons que la ville ne soit pas uniquement construite en surface ? Par ville, nous entendons tout ce qui crée aujourd’hui l’urbanité, à savoir les lieux culturels que nous fréquentons, les espaces privés que nous habitons, les espaces publics que nous vivons, les réseaux que nous empruntons et les fonctions annexes qui nous permettent aujourd’hui d’être plus de la moitié de la population mondiale à vivre au cœur des centres urbains.

Parmi les principales raisons avancées par les promoteurs du développement d’une architecture et d’un urbanisme souterrains, se trouvent aujourd’hui, le développement durable et la nécessité de produire la densité urbaine, après une époque où la tendance était au contraire à son extension horizontale. Alors qu’il existe des exemples de villes souterraines un peu partout dans le monde, ces sous-sols habités posent cependant la question des activités qu’il serait possible d’y intégrer. Les avis divergent. Mais même s’il reste aujourd’hui difficile d’imaginer vivre à cinquante mètres sous terre, ces expériences nous prouvent qu’il est possible d’imaginer une autre forme de ville souterraine et peut-être même plus intelligente que celle que l’on imagine seulement en surface.

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Dédramatiser un lieu de la ville trop dramatique

«Ignoré, voire rejeté, le dessous de nos villes est un trésor vital».

Cette phrase, elle est inspirée du travail de Dominique Perrault qui a ouvert depuis la rentrée 2013, une chaire consacrée à l’architecture souterraine à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).

L’architecte français reconnu dans le monde entier pour ses réalisations est en effet, aujourd’hui, considéré comme l’un des rares experts de la construction souterraine. Et pour cause, les édifices souterrains emblématiques qu’il a réalisés sont nombreux, à commencer par la Bibliothèque nationale de France qu’il termina en 1995. (...)

Ne plus réserver aux sous-sols les fonctions seulement techniques

Au-delà de ces réalisations ponctuelles, promues par un seul architecte, quand bien-même fut-il de renommée internationale, certaines villes s’approprient les souterrains depuis bien longtemps déjà, à commencer par Montréal, Hong-Kong, ou même bien plus tôt encore en Turquie, à Derinkuyu.

Construire dans les sous-sols de la ville n’est pas une idée neuve, bien au contraire. Dans un district de la province de Nevşehir, en Anatolie centrale, actuelle Turquie, a été découverte en 1963 une cité souterraine qui pouvait accueillir en son sein plus de 11 000 habitants. Le district tout entier recensait même jusqu’à un peu plus de 24 600 habitants. (...)

Dans un temps beaucoup plus contemporain, à Montréal, 33 kilomètres de galeries relient des dizaines de bâtiments, que ce soit des bureaux, des centres commerciaux, mais aussi des universités et même des résidences ! Construit dans les années 60, ce RESO – pour réseau piétonnier souterrain – est surnommé par les montréalais,  « la Ville intérieure ». Et personne ne pourra dire que cette partie de la ville est boudée, puisque cette ville souterraine est fréquentée chaque année par plus de 180 millions de personnes. (...)

Envisager la ville souterraine comme la possibilité d’un nouveau paradigme dans la planification urbaine.

Mais les sous-sols ne sont pas tous constructibles. La ville d’Amsterdam, par exemple, rencontrera de grandes difficultés à investir ses souterrains, puisque la composition de ses sols est sablonneuse. Mais si l’on arrive à cette conclusion c’est d’abord et avant tout parce qu’on raisonne d’une certaine manière à savoir réfléchir aux ressources que la ville et ses souterrains nous offrent, en fonction des besoins que l’on a aujourd’hui. Mais si l’on inversait tout simplement notre manière de raisonner ? Si l’on décidait plutôt de nos besoins en ville, en fonction de nos ressources ?

Cette vision s’est développée en Suisse, sous la houlette du Professeur Aurèle Parriaux, géologue et hydrogéologue conseil à l’École polytechnique fédérale de Lausanne. Cette méthode pourrait permettre de changer radicalement notre façon de concevoir la ville. Son idée repose sur le constat suivant : Les villes ont aujourd’hui tendance à envisager de construire sous terre, uniquement en fonction des besoins, à savoir plus précisément, lorsque nous n’avons plus aucune possibilité de nous étendre, soit en hauteur soit en surface. La méthode Deep City, développée par Aurèle Parriaux, consiste au contraire à analyser les ressources souterraines d’une ville ou d’un quartier avant même d’envisager les équipements qui pourraient s’y développer. On passe donc  d’une approche dite « du besoin aux ressources » à une approche « des ressources aux besoins ». (...)

Il existe en effet 4 ressources principales dans les sous-sols de nos villes. L’espace bien sûr, mais aussi l’énergie géothermique, les géomatériaux, et les eaux souterraines. En considérant l’ensemble de ces ressources souterraines, il s’agit donc d’analyser « les interactions à long terme, dans un concept multi-usage des ressources ». En résumé, avant même d’envisager ce qui doit être construit dans les sous-sols. nous devons définir ce qui est compatible avec quoi et dans quelles conditions. Ainsi, à chaque fois que l’on imaginerait un nouveau métro, on pourrait tout à fait y associer un système de récupération de chaleur.

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